Débat : L’argent sonnera-t-il le glas du football ?

Pierre de Coubertin, le père de l’olympisme avait clamé un jour «Citius, Altius, Fortius» (plus vite, plus haut, plus fort). Il se serait bien gardé d’enchérir «encore plus cher» et il se serait offusqué devant les sommes mirobolantes dépensées çà et là pour s’attacher à tout prix les services d’un Neymar ou pour barricader un certain Messi.

Il aurait lancé désespérément «Messieurs de la FIFA, de grâce réagissez ! Dressez les garde-fous pour le salut du sport-roi… pour que je puisse enfin reposer en paix».

Le foot business menace les valeurs

Mais au fait, en quoi l’argent est-il un problème dans le sport en général et dans le foot en particulier ?

La réponse semble évidente. Les sommes astronomiques des transferts ou des droits tv ou encore des coûts exorbitants d’organisation des compétitions peuvent aller à l’encontre de l’éthique sportive et la gratuité.

Le foot est devenu aujourd’hui, une activité économique comme une autre soumise aux exigences de la rentabilité et aux règles de la concurrence.

Il faut bien se rendre à l’évidence le foot, jadis imbu du caractère désintéressé du sport, s’est «professionnalisé». Il est désormais livré au bon vouloir des nouveaux décideurs : Gros investisseurs qui se livrent à des batailles sans merci pour s’attacher les services de tel ou tel joueur ou pour s’approprier le contrôle de telle ou telle équipe à coups de pétrodollars; tout cela sous la conduite d’agents peu scrupuleux qui s’évertuent à affoler les marchés des transferts. Les sommes faramineuses proposées aux clubs par les sponsors font le reste et c’est le cercle infernal pour le sport-roi, attisé à coups de millions d’origine douteuse.

Le football professionnel parviendra-t-il à briser ce cercle vicieux ?

Non ! «L’argent est le nerf de la guerre»

En football, il n’y a pas que le jeu. Il y a aussi d’énormes enjeux financiers. D’aucuns diraient que l’argent est le nerf de la guerre et que le football, pour bien évoluer, requiert des investissements colossaux.

Difficile de nier que depuis quelques années, il existe une réelle corrélation entre le niveau des revenus des clubs et les résultats sportifs probants.

Etre le leader en termes de droits tv, de sponsoring, de vente de joueurs de revenus commerciaux et de primes liées aux performances… c’est ce qui fait la renommée d’un club. Ces enjeux passionnent de plus en plus d’amoureux du football autant que les duels livrés sur le rectangle vert.

L’argent amène les titres

Bien sûr, il y a des contre-exemples comme le sacre de Leicester City en 2016, qui avec un budget cinq fois inférieur à celui des cadors de Premier League, le ‘modeste’ club anglais a réussi à décrocher le titre, mais sur la durée, il semble évident que pour être champion, il faut un gros budget.

La preuve en est, la saison suivante, Leicester terminait 12ème, cédant son titre de champion à Chelsea, qui dispose du 3ème plus gros budget du «Royaume Uni».

En Espagne l’argent fait également la loi dans la prestigieuse Liga. Le titre n’échappe quasiment plus ni au FC Barcelone, ni au Real Madrid, les deux clubs les plus riches de la planète et ce, dans une large mesure grâce aux investissements colossaux qu’ils consacrent à chaque session de mercato.

Dotés d’un modèle économique solide, les deux géants ibériques figurent aujourd’hui parmi le top 5 du classement des clubs les plus dépensiers au monde entre 2010 et 2020 (près de 1150 millions d’euros pour le Barça et 950 millions pour le Real). Cela se répercute automatiquement sur le terrain : le seul club à avoir contesté cette hégémonie durant les dix-huit dernières années c’est l’Atlético Madrid en 2014 et en 2021… troisième plus gros budget d’Espagne. En Italie, en Allemagne et en France la situation est similaire avec la Juventus, le Bayern et notamment le PSG.

Le Paris Saint-Germain, le modèle à suivre

Depuis son rachat durant l’été 2011 par le Qatar, l’écurie parisienne a construit en un temps record une nouvelle économie à l’assise solide et s’est fait logiquement une place parmi les ténors historiques du football européen, démontrant une nouvelle fois que le succès financier entraine systématiquement les résultats escomptés.

En effet, tout en respectant les règlements et en se soumettant aux contrôles de gestion, le club de la capitale française n’a quasiment plus de concurrents en Ligue 1 (7 titres sur les neuf dernières années).

Le football est avant tout une affaire de gros sous. Les dirigeants parisiens l’ont bien compris. Les signatures de la superstar brésilienne du Barça Neymar Jr contre 222 millions d’euros et de la pépite monégasque Kylian Mbappé (145 millions d’euros), ont mis une nouvelle fois en valeur la qualité du modèle parisien.

Car si le PSG a beaucoup dépensé, c’est également grâce aux «stars cachées» du football moderne : les investisseurs, les agents, les sponsors et une équipe dirigeante aguerrie.

Lors de l’exercice 2017/2018, les dirigeants parisiens ont réussi en effet à diversifier et à fructifier leurs recettes à hauteur de 140 millions d’euros de droits TV, 200 millions de revenus de sponsoring et 60 millions de billetterie mais également en signant un contrat colossal avec l’Autorité du tourisme du Qatar (QTA) d’une valeur de 175 millions d’euros.

Le PSG s’impose aujourd’hui comme l’une des institutions footballistiques les plus saines et prospères du « Vieux Continent ». Elle n’a plus de ce fait aucun concurrent sur le territoire français.

Bienvenue dans la nouvelle sphère du ballon rond où l’argent s’annonce plus que jamais «le nerf de la guerre».