L’édito de Guillaume: le Maroc mérite l’organisation de la prochaine Coupe du Monde

Qatar 2022 a laissé une trace indélébile sur le plan national, continental et international. Un sillon tracé par les Lions de l’Atlas arrivés dans le dernier carré synonyme d’accession à une élite sportive a attribué ses lettres de noblesse au sport de niveau du Royaume ex Empire Chérifien. Une épopée en terre arabo-musulmane qui a marqué les esprits sur les stades, sur le plan humain et qui mérite un aboutissement en obtenant enfin la confiance en vue d’organiser la compétition majeure en matière de Football.

Maroc - Coupe du Monde

DES RESULTATS PLUS QU’INTERESSANTS

Le Maroc a livré un excellent premier tour, d’une stabilité contrastant avec l’ensemble des autres équipes. Zéro défaite et une défense de fer. Des individualités au service d’un groupe qui a remis en question les suprématies espagnole puis portugaise. Avant d’échouer en demi-finale face à la France emmenée par Didier Deschamps et il est vrai bien aidée par l’arbitrage… Pour terminer quatrième de la compétition.

LA MORALE DE L’HISTOIRE

Vahid Halilodzic bien que licencié par la Fédération n’aura pas démérité pour avoir bâti une certaine assise. Mais l’arrivée providentielle de Walid Regragui aux commandes de la sélection nationale a su insuffler la cohésion nécessaire et la fluidification du passage de la balle entre les lignes. Le tout avec une gestion humaine performante et la remise en confiance de certains éléments, à l’image du talentueux Hakim Ziyech dont l’apport technique est indispensable. Une cohésion qui a facilité l’incorporation d’individus plus jeunes pendant l’aventure qatarie.

L’AVENIR : LE PAYS MERITE D’ORGANISER LA COUPE DU MONDE 2030

Au vu des récents exploits marocains, et en capitalisant sur la présence de l’équipe nationale pendant un Mondial depuis 1970, on peut facilement parler de nation africaine de premier plan, au même titre que le Cameroun et le Nigeria envers lesquels les médias occidentaux accordent beaucoup plus facilement leurs faveurs. L’effectif a la chance de pouvoir se reposer sur trois bons gardiens (l’excellent Yassine Bounou, Mounir Mohammedi El Kajoui et Ahmed Reda Tagnaouti), ce dont peu de formations peuvent se vanter. Puis la ligne défensive a fait ses preuves soit de maîtrise soit de résistance déterminée, avec des relances judicieuses courtes ou longues. L’entre-jeu et l’attaque ont fait preuve de liant par l’entremise d’explosivité ou de gestes techniques. Le tout avec des membres faisant partie du championnat local comme jouant à l’étranger.

D’un point de vue plus logistique, le pays dirigé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI détient des atouts tranchants pour prétendre à la tenue de la plus importante compétition footballistique. En tout premier lieu de par son expérience répétée de présentation des projets. Avec à chaque fois des attributions contrecarrant le rêve maghrébin: les USA en 1994, la «joint-venture» Nippo-Coréenne en 2002, l’Afrique du Sud en 2010… Puis vient le parc hôtelier capable de soutenir le tourisme des supporters de n’importe quel niveau de pouvoir d’achat. Après cela la situation géostratégique du Royaume correspond à un emplacement idoine pour la convergence des flux entre plusieurs zones du Globe, de par son orientation vers deux axes maritimes différents, son enracinement en Afrique et son appartenance à l’Orient. Des caractéristiques qui ont permis un intéressant développement économique au cours de l’actuelle décennie post-Printemps Arabe, et de ce fait l’élaboration de projets conséquent en matière d’infrastructures sportives.

Coupe du Monde - Maroc

Le Maroc du Football a renforcé ce qu’il avait déjà prouvé directement par les résultats enregistrés par son équipe nationale. Et par des domaines périphériques.

Confirmant son rôle important sur le plan géopolitique de par le renforcement des relations avec les Etats-Unis d’Amérique et la normalisation des rapports avec Israël, la nation marocaine est en train de légitimer sa candidature par l’itinéraire royal tracé par la bande d’Achraf Hakimi devant la Monarchie Qatarie. Ce qui prouvera aux personnes dubitatives que Monde Arabe et Coupe du Monde ne sont pas incompatibles. Le Maroc représente un carrefour rappelant la Route du Sel et ses caravaniers, concurrençant une Route de la Soie recherchant l’omniprésence. Des ingrédients pouvant aboutir à une cuisine dont le plat de résistance sera l’avènement de l’Afrique avec pourquoi pas un Champion du Monde de sa zone pour la première fois de son histoire. 2022 a déjà laissé des notes positives venues tant du Maghreb que d’Afrique Subsaharienne.

Si jamais 2030, sachant que les Etats-Unis auront co-organisé l’événement 2026 avec le Canada et le Mexique, ne voyait pas l’organisation du Mondial attribuée au Maroc, on ne pourrait plus parler d’injustice mais carrément de persécution.

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Jean-Guillaume LOZATO, enseignant en langue et civilisation italiennes auprès de ENSG Université Paris Gustave Eiffel et auprès de SKEMA Business School; tuteur académique réseau My Sup étudiants en alternance; chroniqueur; essayiste («Italie et Tunisie: entre miroir réfléchissant et miroir déformant», éditions Saint-Honoré; «Free Uyghur», éditions Saint-Honoré); auteur de recherches universitaires sur le Football Italien comme phénomène de société.

 

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