Interview exclusive – Rabah Madjer: Ma talonnade a surpris Hansi Flick, Salah meilleur joueur africain

Rabah Madjer, l’ancien international algérien a marqué l’histoire du football africain et international dans les années 80 et 90.

Le natif de la capitale algérienne, Alger, en 1958 a été le grand artisan du sacre final des « Fennecs » lors de l’édition 1990 de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN 1990) en marquant deux buts dans la phase finale.

Une performance qui lui a valu une place dans l’équipe-type du tournoi, choisie par la Confédération africaine de football (CAF).

A son actif, 48 matchs disputés avec les « verts », toutes compétitions confondues, couronnés de 10 buts.

Avant cela, il était présent avec l’équipe nationale de l’Algérie pour disputer la phase finale de la Coupe du monde 1986. Il s’est illustré particulièrement dans le match face à l’Allemagne de l’Ouest (RFA) remporté sur un score de 2-1.

Cela dit, sa meilleure performance demeure le but d’anthologie marqué avec le FC Porto face au Bayern Munich de Hansi Flick en 1987. Au terme d’une inspiration phénoménale, il a marqué le but du 1-1 qui a ouvert la porte du sacre en finale de la Coupe des clubs des champions de l’UEFA.

Son geste technique a été immortalisé dans le football mondial et les buts de la talonnade sont depuis appelés des « Madjer ».

Par ailleurs, il a gagné plusieurs distinctions personnelles dont notamment le « Ballon d’Or » africain en 1987, ainsi que le titre de meilleur buteur de la Coupe des clubs des champions de l’UEFA 1988 (4 buts) et le trophée de meilleur sportif algérien en 1982.

Algérie: Un nouveau schéma tactique pour l’empoignade de Lomé ?

Après sa retraite footballistique, il a pris en main plusieurs équipes dont notamment Al-Saad, Al-Rayyen et Al-Wakrah du Qatar, en plus de l’équipe nationale de l’Algérie à 3 reprises.

Contacté par « Foot Africa », Rabah Madjer a eu l’amabilité de répondre aux questions de l’équipe de rédacteurs.

Enjoy !

FC Porto et Europe

Avec quels joueurs légendaires du FC Porto êtes-vous toujours en contact ?

Bien évidemment, j’ai toujours des contacts avec mes anciens coéquipiers de la légendaire équipe du FC Porto.

Je suis toujours ami avec le trio Paulo Jorge dos Santos Futre, António Manuel Frasco Vieira et António Santos Ferreira André (tous les trois anciens internationaux portugais)

Que pensez-vous du Bayern en 1987 ? et Que retenez-vous de votre duel avec Hansi Flick ?

C’était une très belle équipe qui regorgeait de joueurs de qualité. Tout le monde la plaçait comme favorite pour remporter la grande apothéose du football européen, surtout qu’elle était habituée à disputer ce genre de match contrairement à Porto qui disputait sa première finale en Coupe d’Europe.

Pour ce qui est de Hansi Flick (l’entraineur actuel du FC Barcelone), c’était un milieu très solide même s’il a été surpris par ma talonnade parce qu’il ne pensait pas que j’allais oser faire ce geste technique dans un match aussi important.

Vous vous souvenez encore de la confrontation en demi-finale de la Coupe des Champions 1987 contre le Dynamo Kiev de Lobanovsky ?

Je me souviens très bien de cette double confrontation devant le Dynamo Kiev de Valeri Lobanovski… Lui c’était un très bon joueur et a su tracer une belle carrière d’entraineur.

Il est vrai qu’on a gagné 2-1 à Kiev et par le même score à Porto, mais c’étaient deux matchs très difficiles à négocier.

Quelle est votre équipe préférée en Europe ?

Je n’ai pas vraiment de club préféré en Europe. Cela dit j’ai un faible pour les équipes qui présentent une excellente qualité de football. A un moment donné, c’était le Real Madrid qui jouait du très beau football puis c’était le FC Barcelone. Aujourd’hui, je pense que Manchester City est en train de jouer très bien au ballon.

Et si vous nous parlez de votre transfert raté à l’Inter Milan en 1988 ?

Dans cette époque-là, je jouais dans le cadre du prêt avec le FC Valence en provenance de Porto.

Le club lombard a tout fait pour me recruter à tel point que son entraineur à cette période-là, Giovanni Trapattoni, a fait le déplacement en personne en Espagne et m’a convaincu du projet du club.

Suit à quoi j’ai paraphé un contrat de 3 ans et je devais former le trio de joueurs étrangers avec les deux Allemands Lothar Matthäus et Andreas Brehme.

Malheureusement pour moi, j’étais victime, par la suite, d’une grave blessure musculaire et le transfert a capoté surtout que je devais observer une longue période d’indisponibilité.

C’était une grande déception pour moi, alors que j’étais à deux doigts de devenir le premier joueur arabe et africain à évoluer dans la fameuse Serie A .

Algérie

Que retenez-vous de la grande finale contre le Nigeria en CAN 1990, et pourquoi le match de la finale était très difficile alors que vous avez étrillé le même adversaire 5-1 en phase de poules ?

On a gagné la CAN avec l’art et la manière. Il est vrai qu’on avait eu beaucoup de mal en finale devant le Nigéria, mais c’était prévisible eu égard à l’énorme débauche d’énergie dont on a fait preuve dans les matchs de poules et d’élimination directe.

La fraîcheur physique nous avait fait défaut en finale après avoir dominé de la tête des épaules nos différents adversaires en cette Coupe d’Afrique des Nations. Il n’est pas facile de gagner tous les matchs dans un tournoi aussi éprouvant que la CAN.

Pourquoi n’avez-vous pas réussi à accéder à la Coupe du Monde 1990 ?

Malheureusement, on était confrontés à une équipe égyptienne revancharde qui nous a posé beaucoup de problèmes dans le tour final des éliminatoires.

On s’est contentés au match aller à domicile d’un score de parité 0-0 et l’Egypte nous a mis beaucoup de pression au match retour devant son public… On a fini malheureusement par s’incliner sur le plus petit des scores.

L’empoignade du Caire était très difficile à négocier devant des « Pharaons » déchainés et emmenés par plus de 100 mille supporters.

Afrique et monde

Quels sont les 3 meilleurs joueurs africains du moment ?

C’est un peu compliqué de vous donner trois noms de joueurs africains, il faudra peut-être attendre la phase finale de la prochaine Coupe d’Afrique des Nations (CAN) pour se prononcer sur son sujet.

A mon avis l’Egyptien Mohamed Salah demeure le meilleur ambassadeur du football africain, je pense qu’il mérite haut les mains le titre de meilleur joueur africain du moment.

Quel est votre favori pour le Ballon d’or ?

Il y a en premier lieu le Français Kylian Mbappé que j’admire particulièrement pour ses qualités athlétiques et son sens du but. Il y a aussi le Brésilien Vinicius Júnior ou encore le Belge Kevin De Bruyne.

Quelle équipe nationale africaine sera la première, selon vous, à remporter une Coupe du Monde?

A mon avis, l’Afrique n’est pas encore bien lotie pour remporter une compétition de l’envergure de la Coupe du monde.

Il faudra attendre quelques années pour voir une sélection africaine s’emparer du sacre final dans le Mondial.

Entre-temps, tout le monde doit redoubler d’efforts pour compenser le retard accumulé dans certains aspects structurels ou encore tactiques.

La Coupe du monde est un tournoi très compliqué, la compétition est très rude. Je vois mal comment des nations comme le Brésil, l’Argentine, la France, l’Angleterre, l’Allemagne, l’Italie,  l’Espagne.. vont laisser passer une belle occasion pour remporter le tournoi.

Il est vrai qu’en Afrique du nord il y a de très belles équipes nationales, en Afrique subsaharienne aussi, mais il faudra progresser encore pour pouvoir gagner une Coupe du monde.

Pour quand votre grand retour sur le banc des remplaçants ?

Je suis ouvert sur tous les projets sportifs, je serai honoré de prendre en main une équipe nationale voire un club arabe ou africain.