Africa Légendes: Abedi Ayew, le «Pelé africain»

Abedi Pelé. Lorsqu’on est footballeur professionnel, revêtir le nom du légendaire attaquant auriverde est un lourd fardeau. Le genre de pseudonyme qui condamne quasiment un joueur à subir une carrière anonyme. Et pourtant, l’illustre canonnier des Black Stars du Ghana des années 90, Abedi Ayew, s’est payé le luxe de créer un «nouveau Pelé africain» grâce à ses propres faits de gloire.

Triple Ballon d’or africain d’affilée (1991, 1992 et 1993), l’homme qui a écrit avec sa patte gauche de velours les plus belles heures de l’histoire de l’Olympique de Marseille, a pourtant longtemps vécu l’anonymat.

Né le 5 novembre 1962 à Domé, le jeune Ayew a taquiné ses premiers ballons dans les faubourgs de la région d’Accra au Ghana.

Avant de trouver la stabilité et la gloire dans le sud de la France à Marseille, celui qui a évolué avec 14 clubs dans sa carrière aura connu une longue traversée du désert : Du Real Tamale United dans son pays natal, à Al Saad au Qatar en passant par les Dragons de l’Ouémé au Bénin, Zurich, Niort et Mulhouse… le jeune ghanéen semblait malheureusement suivre le même chemin que ses parents talentueux qui n’ont pas eu la carrière qu’ils méritaient en Europe. (Son frère Kwame Ayew et ses oncles étaient également footballeurs).

Son arrivée à Marseille à 23 printemps aurait pu correspondre à sa sortie du tunnel. Mais son premier passage chez les Olympiens fut infructueux entre 1987 et le début d’automne 1988 (13 matches disputés et 0 but).

Convaincus par son potentiel, les dirigeants marseillais prêtent alors le jeune Black Star au LOSC afin qu’il s’aguerrisse. Aux côtés de futurs cracks comme Jocelyn Angloma ou Bernard Lama, Ayew trouve enfin son inspiration et réalise deux saisons pleines en faisant parler la poudre à 21 reprises en 52 apparitions. Des prouesses qui lui permettent de bénéficier d’une seconde chance au Vélodrome à partir de 1990.

Son come-back à l’OM est fabuleux. Le surdoué ghanéen crève littéralement l’écran pendant trois saisons de 1990 à 1993. Ses prouesses et ses exploits footballistiques ont été telles que chacun de ses trois exercices fut paraphé par un titre de champion ainsi que par celui de Ballon d’or africain !Untitled 3

Technicien hors pair, doté de coups de reins dévastateurs et d’une exceptionnelle vision de jeu, le Black Star s’impose comme l’une des pièces maitresses de l’effectif olympien qui dominait le championnat de France et suscitait la crainte de ses adversaires en Europe.

La folie Abedi s’empare de la Canebière et le «Pelé africain» ne cesse d’enchaîner les prestations de haut vol sur les terrains français et européens. La consécration arrive en 1993 lors de la grande finale de la Ligue des Champions UEFA lorsque l’OM s’offre le sacre européen en battant le grand Milan AC grâce à un but de Basile Boli servi par le génial ghanéen (1-0). Un exploit mémorable qui permet à Abedi Pelé de devenir le premier joueur d’Afrique noire à remporter la plus prestigieuse des compétitions de clubs.

Le redoutable Black Star ne s’est pas arrêté qu’à ses exploits en club. Capitaine emblématique du Ghana de 92 à 98, il a également fait étalage de tout son talent sous le maillot de sa Nation où il connaitra des fortunes diverses.

A seulement 18 printemps, il faisait déjà partie de la génération exceptionnelle de Black Stars qui décrocha la CAN 1982 en Libye. Il atteindra ensuite la finale de la prestigieuse coupe africaine en 1992 au Sénégal. Suspendu pour la rencontre, il assiste impuissant à la défaite des siens à l’issue d’une séance interminable de tirs au but face à la Côte d’Ivoire (0-0, 10 à 11). Pelé a toutefois inscrit 3 buts dans cette édition de la CAN.

En quart de finale de l’édition suivante en 1994, l’homme aux 73 capes sous le maillot ghanéen est également éliminé par les Eléphants (1-2). En 1996, le Ghana d’Abedi Pelé termine 4ème, éliminé en demi-finale par le futur vainqueur, le pays hôte, l’Afrique du sud.

Le grand regret de Pelé demeure toutefois de n’avoir jamais goûté à une phase finale de Coupe du Monde. Toutefois, et à l’image de son homonyme brésilien, il restera à jamais un Roi du ballon rond.